Louis Denis-Valvérane est né le 20 septembre 1870 à Manosque, ville de ses ancêtres maternels, où il passa une partie de son enfance. Il en reçut une triple vocation esthétique, civique et linguistique: celle de la beauté et de la lumière méditerranéennes; celle du patriotisme municipal de son milieu, vieille bourgeoisie de juristes et de fonctionnaires; celle enfin du provençal, couramment parlé dans son entourage. Il fut à ces trois titres représentatif de la renaissance provençale promue par Frédéric Mistral et le Félibrige.

Très tôt attiré par les beaux-arts, Denis-Valvérane se forma à Paris, à l'atelier de Jean-Paul Laurens. Il y rencontra notamment le peintre toulonnais José Mange qui fut l'un de ses meilleurs amis. Fréquentant la Société des Félibres de Paris, il fut présenté à Mistral en 1889 et devint l'un de ses intimes. Il se lia en outre avec Charles Maurras et le suivit au sein du mouvement fédéraliste provençal (dans lequel milita également Joachim Gasquet, l'ami et le biographe de Cézanne). S'il ne partagea pas tous les engagements ultérieurs de Maurras, il lui voua une constante admiration pour son esthétique méditerranéenne.

Denis-Valvérane commença à exposer régulièrement vers 1901 et obtint en 1925 la médaille d'argent du Salon des Artistes Français. Son talent se déploya dans les disciplines les plus variées, aquarelle, huile, encaustique, dessin, gravure, sculpture, et dans les genres les plus divers, y compris les illustrés pour la jeunesse et les gravures de mode. L'éclectisme de ses goûts lui fit choisir pour modèles aussi bien Mistral et Maurras que Joséphine Baker et Jean Giono. Son style se dégagea progressivement des influences de jeunesse pour atteindre une luminosité, une clarté toujours plus grande, une touche toujours plus légère en même temps qu'un amour intense de la couleur.
Mort le 11 avril 1943 et inhumé à Manosque, Denis-Valvérane n'est pas seulement l'un des peintres provençaux les plus attachants de son temps, dont la poésie sereine mérite d'être redécouverte; il est aussi, par sa trajectoire félibréenne, ses nombreuses amitiés artistiques et littéraires et les pénétrantes analyses de son livre Lou Maianen (1936), articulé autour de la figure de Mistral, un acteur et un témoin incontournable de la vie culturelle méridionale des années 1890-1940. M.S. – M.M.